Miguel M
L'émission "blues" de radio RDL Colmar animée par Jean-Luc et David BAERST

 

Miguel, notre dernière rencontre remonte à ton passage à « La nuit du Blues de Sarreguemines » (le 12 mai 2001) alors que tu étais accompagné par le Brachay’s Blues Band. Depuis, tu as fondé un nouveau groupe. Peux-tu me présenter les musiciens qui le constituent ?
Il s’agit de musiciens qui sont, pour la plupart d’entre eux, originaires du Sud Ouest où je vis actuellement. Il y a Ludovic Timoteo à la basse et Olivier Pelfigues à la batterie. Aux claviers nous retrouvons Damien Cornelis qui, lui, vit à Reims.

Comment un andalou, féru de Rock, se retrouve-t-il immergé dans le monde du Blues ?
Je suis issu d’une famille d’émigrés espagnols, nous étions 10 enfants …
J’ai six frères dont les naissances s’étalent sur deux, presque trois, générations différentes…
A la maison j’ai, de ce fait, forcément été confronté au Rock. On y entendait les Rolling Stones, AC/DC etc…
On y passait aussi des disques de Blues : BB King, Muddy Waters, John Lee Hooker…
J’ai un frère de ma génération, juste un peu plus âgé que moi, qui écoutait beaucoup de Funk et de Soul. Toutes mes influences musicales proviennent de là, tout simplement.

Cependant, tu n’as jamais renié tes origines andalouses. Je pense que tu as su exploiter ces racines afin d’en faire bénéficier ta propre musique…
Je suis, forcément, allé chercher dans cette direction musicale puisque mes parents écoutaient du Flamenco à la maison. Je suis fier de dire qu'ils sont originaires d’Algeciras, en Andalousie, au fin fond de l’Espagne. C’est dans cette ville qu’est né Paco de Lucia (l’un des plus grands guitaristes de Flamenco, Nda) qui habitait à 5 ou 6 pâtés de maisons de chez mes parents. Il est parti sur Madrid à l’âge de 8 ans…
Ce guitariste m’a inspiré à tous les niveaux !

Tu es un autodidacte, tu t’es forgé ton propre style sur scène. Est-ce un avantage pour toi ? Est-ce qu’avec le recul tu aurais préféré prendre des cours de musique, le fait de ne pas en avoir pris a-t-il accentué le feeling que l’on ressent dans ton jeu ?
Je ne me suis jamais posé la question…
Je me suis simplement dit que l’essentiel est de ressentir la musique. J’ai fonctionné en privilégiant ce que je ressentais au fond de moi, comme cela m’arrangeait…
Le solfège demande beaucoup de travail et je ne suis pas forcément un « gros bosseur ». J’aime penser la musique, pas forcément la pratiquer. Je peux « trouver » un morceau en m’isolant seul pendant deux heures.

Tes qualités de « showman » sont incontestables. Que représente, pour toi, le fait d’être sur scène?
Notre métier prend énormément de temps dans notre vie. Nous avons notre famille puis notre profession…
Je me dis que dès que tu mets un pied sur scène, non seulement elle t’appartient mais tu dois te donner à 300%. Il y a des soirs de fatigue mais tant qu’il y a un public, plus ou moins conséquent, il faut tout lui donner !
S’il te le rend tant mieux, sinon on va chercher l’énergie ailleurs ou un autre soir.

Si tu aimes la scène, tu n’as jamais cessé de sortir des disques. Peux-tu revenir sur ta discographie?
En 1996, nous avions (avec le Brachay’s Blues Band) sorti un CD 5 titres. Notre premier album remonte à 1998 et se nommait « We are in love » puis, après avoir remporté les 1eres « Open Days » du Chesterfield Café en 1999, nous avons sorti un live enregistré dans ce Club.
En 2005 j’ai réalisé « A new day », mon premier album sous mon propre nom. Enfin, je viens de sortir mon nouveau CD « Tout mon possible ».

Pourrais-tu me parler plus en détails de ce nouveau disque ?
Dans ce CD, j’ai souhaité faire un clin d’œil à toutes les musiques qui m’ont inspiré…
On pourrait se dire qu’il y a tout et n’importe quoi, que ce n’est pas un album bien ciblé… mais c’est mon choix !
« Tout mon possible » veut, également, dire cela…
Une autre nouveauté consiste au fait que je me mette à chanter en français.
Ce disque s'est  aussi ouvert à des musiques telles que le Rock, la Soul et le Funk... tout en gardant une couleur très « Blues ».

La scène et le disque étant deux choses très différentes, on constate que sur l’album tout est concis et très réglé.
J’y ai même enregistré un « Disco-Funk » car je m’éclatais souvent sur ce type de musique dans les années 1980. J’y trouvais un bon groove…
Je pense qu’il y a beaucoup de générations différentes qui se retrouveront au moins sur un morceau du CD. C’est comme cela que j’ai imaginé l’album…

Pourquoi as-tu décidé de t’orienter sur des textes exclusivement écrit en français pour cet opus ?
C’était une envie depuis très longtemps…
Fred Chapellier aussi l’a fait lorsqu’il l’a ressenti. A titre personnel, j’y pense depuis 8 ou 10 ans…
C’est venu, je me suis lancé dans cette nouveauté et j’ai eu l’impression de repartir de zéro.
Il est vraiment très difficile de faire « groover » cette langue. Sur des ballades tout va bien mais sur de la Soul ou du Funk c’est très très dur….
C’était un challenge, ce type de défi est aussi une chose qui donne de l’attrait à une carrière de musicien, il faut qu’il y ait du renouveau !

On sent que les textes sont assez introspectifs, tu y a donné beaucoup de toi-même. Sur une chanson comme « Intégration » tu te livres comme jamais auparavant…
Je m’y suis un peu plus « déshabillé », d’autant plus que c’est en français…
J’y évoque des joies, des douleurs, des peines. Beaucoup de choses remontent à l’enfance, j’ai vraiment voulu me « lâcher ». Par contre il y a, aussi, des histoires qui ne sont pas les miennes. Qui appartiennent à d’autres gens et dont j’ai souhaité parler.

Comment expliques-tu cette monté en puissance, aussi bien sur un point de vue qualitatif que quantitatif, des groupes français de Blues. Il y a de plus en plus d’artistes de haut niveau alors que le « grand public » a tendance à bouder cette musique….?
C’est vrai…
D’un côté c’est rassurant car ça prouve que, tant qu’il y aura des musiciens, le Blues sera toujours là. Je préfère qu’il y ait plus d’artistes et de groupes de qualité que de public. En effet, c’est pour moi la locomotive… Si la qualité est au rendez-vous, le public ne peut qu’augmenter…
Je suis de nature optimiste mais, pour tout t’avouer, cela fait plus de 15 ans que je gravite dans le système et ça ne va pas mieux (rires) !

Quels sont tes coups de cœur en ce qui concerne la scène actuelle ?
En France il y a l’univers de K-Led Ba’Sam que j’apprécie particulièrement. Il fait bien son truc, il est intéressant. Bien sûr, je ne peux pas oublier d’évoquer Fred Chapellier qui est, non seulement, un monstrueux guitariste, compositeur et artiste mais surtout un bon ami.
J’apprécie le Monsieur sous toutes ses formes…
Le chanteur et harmoniciste Nico Wayne Toussaint est très impressionnant, il fait le show !
Ce dernier se donne vraiment, la scène lui appartient…

Il y a aussi d’autres groupes dont je ne retrouve pas immédiatement les noms. Je suis assez en retrait de tout ce qui ce passe mais je laisse toujours traîner une oreille...
Toute cette diversité dans la qualité est, vraiment, une chose positive!

En dehors de la scène Blues, quelles sont les musiques que tu écoutes le plus régulièrement ?
J’écoute de tout, je peux passer d’un vieux Dire Straits à Prince…
Je me passe souvent des vieux albums, ceux de Sting par exemple car il y a toujours un truc à « prendre » chez lui.

En te voyant sur scène , tout à l’heure, j’imaginais un mixe en Lucky Peterson et Johnny « Guitar » Watson. C’est un mélange qui te correspond bien en fait…
Ah oui carrément, merci David !
Ces deux mecs se sont inspirés de la musique que j’aime, celle où je puise mes propres influences.
Ils aiment le Blues, la Soul, le Funk, tout ce mélange qui fait tant de bien aux oreilles. J’aime jouer un bon vieux Blues bien gras, de temps en temps, mais tout un répertoire je ne pourrais pas. Au bout d’un moment je suis obligé de passer à autre chose…

Tu mets un point d’honneur à éviter les clichés et de t’engouffrer dans les standards …
Oui, c‘est vrai…
Je place les « standards » que j’interprète, comme « Sweet home Chicago », dans un medley qu’il est presque impossible de ne pas jouer tant la demande du public est grande…
Quand je joue un vieux classique, j’essaye aussi d’en modifier les arrangements. Cela est important pour moi car ça permet de me donner un son…
Peu importe le style de musique que je joue, il faut qu’il y ait un vrai son à la base. C’est l’âme de l’ensemble.

Tu est actuellement en tournée afin de promouvoir ton nouvel album « Tout mon possible » . Quels sont tes projets pour la suite ?
Il y a beaucoup de projets…
Nous allons, sagement, attendre les retombées de cet album tout en préparant le prochain. Nous sommes déjà bien avancés et espérons le sortir au début de l’année 2011. Cela fait beaucoup de travail, d’autant plus que nous commençons à collaborer avec une chanteuse qui s’appelle Kareen Antonn. Elle a travaillé, dans le passé, avec Bonnie Tyler. Tout le groupe va l’accompagner sur quelques concerts dans un style Rock et Pop. Cela va nous changer les idées et nous ouvrir à davantage de choses.

Y’a-t-il encore des gens avec qui tu aimerais collaborer ?
Oui beaucoup mais cela doit se faire au hasard des rencontres. Le côté « calculé » n’est pas trop mon truc. J’aime les coïncidences, quand il se passe immédiatement quelque chose. J’ai vécu cette chose là plusieurs fois, c’est très intéressant d’aller « chercher » et « prendre » chez un autre artiste... en espérant que toi aussi tu lui donnes. C’est nourrissant, c’est très bon…

Pour cela tu serais prêt à aborder des styles très différents de ta musique habituelle ?
Oui, de toute façon le but et de jouer pas de faire semblant !
A partir du moment où c’est bien fait, pas ringard ni vulgaire…
Je fais encore partie de cette génération qui cherche à évoluer sans pour autant de faire de la soupe.

Souhaiterais-tu ajouter une conclusion à cet entretien ?
Avant tout te remercier pour ton boulot...
Je vois que tu es toujours là, debout. C'est aussi une chose très rassurante !
Pourvu que ça dure et que des émissions de  radio, comme la tienne, fonctionnent. J'espère aussi qu'il y aura davantage de gens comme toi pour faire découvrir le Jazz et le bon Rap.

Cette dernière est une musique que j'apprécie vraiment quand elle est bien faite, comme c'était le cas dans les années 1970 aux USA. Ce serait aussi très agréable de rencontrer davantage de tes homologues, à la fin des concerts, afin de réaliser des interviews...
Merci pour tout, longue vie à la musique en général et au Blues en particulier !

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Interview réalisée au
Caf’ Conc’ d’Ensisheim
10 février 2010

Propos recueillis par
David BAERST

En exclusivité !

 

 

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